Veranstaltungsprogramm

La forme scolaire apparaît dans sa forme traditionnelle essentiellement discursive et scripturale (Vincent, 1994). Elle s’établit en tant que fonction structurante et contraignante dans le rapport aux objets des élèves et tend à homogénéiser les apprentissages et à discipliner les élèves (Schneuwly & Ronveaux, 2018). Plusieurs recherches indiquent que cette approche classique de la forme scolaire entre en tension avec certains dispositifs de médiation culturelle à destination des élèves ainsi qu’avec les discussions en classe autour des questions socialement vives.

Dans ce forum, nous proposons une discussion articulant diverses approches entre forme scolaire et médiation, à partir de différentes disciplines, en soulignant les transformations qui en découlent. Nous mettrons en évidence une reconstruction de la forme scolaire, décrite par Go et Prot (2023), impliquant plusieurs conditions de transformations déjà présentes dans l’enseignement des arts mais qui s’accentuent dans la médiation. Celle-ci ouvre de nouvelles possibilités pour aborder la diversité des sensibilités et des savoirs, en confrontant l’homogénéisation des contenus scolaires à la richesse des parcours individuels. Cette approche favorise ainsi un équilibre entre l’hétérogénéité des sensibilités et l’homogénéisation des savoirs, en mettant au cœur du processus éducatif la rencontre entre les élèves, leurs expériences et les savoirs. Cependant, dans quelle mesure ces nouvelles approches peuvent-elles réellement répondre aux défis de l’uniformisation scolaire tout en respectant la diversité des parcours individuels et des sensibilités ? À partir des nouvelles épistémologies, comment la forme scolaire se transforme-t-elle ?

Les chercheur·se·s débattant·e·s présenteront à titre d’amorces diverses recherches, notamment conduites au Canada en collaboration avec des institutions culturelles, qui indiquent que les dispositifs de médiation génèrent un tiers-espace au sein duquel émergent des représentations et des sensibilités diverses ou encore une forme d’attention aux manières de se relier aux objets culturels, aux autres et au monde. Mais aussi, dans la didactique des arts, qui dans le paradigme contemporain (Heinich, 2014), se focalise sur le processus de recherche exploratoire de l’élève, en l’engageant dans une pratique d’expérience d’étude, ancrée dans les enjeux contemporains. Une telle posture épistémologique s’élargit également à d’autres disciplines comme les Cultural Studies (Mattelard et Neveu, 2008), qui déconstruisent la notion traditionnelle de savoir en l'examinant à travers ses représentations, ses interprétations et ses vulgarisations, particulièrement dans la culture populaire, ce qui ouvre des perspectives intersectionnelles. De même, l’enseignement de la sociologie pour le niveau secondaire où les tensions épistémologiques se manifestent entre les finalités des enseignements, les contenus sociologiques adaptés à différents domaines professionnels, et les approches théoriques mobilisées. Les enseignant·e·s sont dès lors amené·e·s à jouer un rôle de médiation complexe.

En présentant et analysant différents exemples de médiation intersectionnelle, nous tenterons ainsi de soumettre à l’épreuve de la discussion une forme d’« épistémologie citoyenne » au sein de laquelle l’hétérogénéité des savoirs et des sensibilités mais aussi l’équilibre entre homogénéisation et diversité peuvent coexister.