La complexité du travail d’enseignement en milieu scolaire est reconnue depuis plusieurs décennies dans la recherche. Elle apparaît pourtant plus que jamais déstabiliser des professionnels, qui sont nombreux à exprimer leur incompréhension, leur sentiment d’incompétence professionnelle, leur mal-être. Un bâtiment scolaire demeure pourtant un bâtiment scolaire, une classe reste malgré tout une classe, l’hétérogénéité des groupes d’élèves n’est pourtant plus une découverte, et les plans d’études ne relèvent pas d’une invention récente…. Dès lors, les points de repère de la culture professionnelle des enseignants et le sens de leur travail en classe semblent se dissiper sous l’effet d’autres strates de complexité, dont celle générée par un ensemble d’injonctions et de recommandations, déclarées « universelles » et « bienveillantes », bien que versatiles et déstabilisantes.

En référence à différents travaux, nous examinerons tout d’abord la notion d’éducation inclusive et certaines expressions et injonctions alliées (p. ex., « besoins éducatifs particuliers », « la collaboration entre professionnels »), en interrogeant ce qu’elle tait et ce qu’elle véhicule, en questionnant les effets qu’elle induit et sa pertinence à guider les pratiques d’enseignement au service des apprentissages des élèves. En nous appuyant sur nos travaux menés au regard d’une approche éducationnelle située et dans des contextes de scolarisation d’élèves déclarés à besoins éducatifs particuliers, nous présenterons certaines conditions nécessaires à la possibilité, en formation et en classe, de redonner de la valeur et du sens à la complexité du travail des enseignants.