Regards obliques : apports des arts de la scène à l’ergonomie
Président(s) de session: Carole BAUDIN (University of Applied Science and Art Western Switzerland, Suisse), Patricio NUSSHOLD (Institut de Psychodynamique du Travail)
intervenant(s): Laure KLOETZER (Université de Neuchâtel - Institut Psychologie et Education), Mathieu BOUVIER (La Manufacture- HES SO)
"L'ergonomie est un art" disait Alain Wisner. A travers la description de 4 projets faisant appel aux arts de la scène sous différents prismes, nous interrogerons ce que ces disciplines peuvent amener à l'ergonomie tant dans sa pratique que dans son regard.
Présentation du symposium
Les corps sur scène, le travail et l’action.
Patricio NUSSHOLD
Institut de Psychodynamique du Travail
D’arrache Corps est une pièce de théâtre sur la souffrance et le plaisir au travail. Résultat du croisement des arts de la scène (théâtre et cirque) et des résultats de recherche en psychodynamique du travail. La compagnie El Salto utilise l’art comme levier d’émancipation et la puissance du travail pour rendre le monde plus juste, plus ouvert et plus beau. Patricio Nusshold présentera le processus de création mais aussi la réception de cette pièce. Une représentation sera proposée dans la soirée.
« On est devenus l’artefact et ça nous a ouvert des possibilités »
Laure KLOETZER1, Simon HENEIN2, Ramiro TAU2
1Université de Neuchâtel, 2(2) Laboratoire Instant Lab, EPFL
former de jeunes ingénieurs à la conception collective par l’improvisation et la performance. Le projet ASCOPET, présenté par Laure Kloetzer, a permis d’expérimenter les arts de la scène comme outil pédagogique pour l’enseignement tertiaire. En invitant des élèves ingénieurs à construire une performance collective improvisée impliquant un artefact, le cours du Prof. Henein vise à explorer les aspects obscurs de la conception en ingénierie et à développer les compétences des jeunes ingénieurs en ce domaine. L’analyse du cours, dans son déroulement en présentiel et online, souligne notamment l’importance du travail de la sensibilité à soi et aux autres, et l’importance du jeu, dans ce processus de conception. Les résultats de cette étude éclairent ainsi à la fois le travail de conception, et les dynamiques d’intervention ergonomique.
« Dans nos sociétés, à force de glisser, on n’a plus d’impacts »
Carole BAUDIN1, Mathieu BOUVIER2
1University of Applied Science and Art Western Switzerland, 2La Manufacture - HES SO
Comment transmettre la pensée du « geste sensible » à des ingénieurs en herbe, qui façonneront bientôt, avec les systèmes d’activité de leurs objets, les gestes de demain. C’est à partir de la connaissance de leur « corps propre » (Merleau Ponty, 1945) que l’expérience de la danse peut leur faire découvrir la dimension impercue des gestes, l’étoffe de sensations et d’imaginaire dont ils sont faits. En éprouvant le poids, le rythme, l’effort et l’expressivité du geste, cette expérience leur ouvre des approches sensibles à l’objet et à ses fonctionnalités. Avec les bénéfices du jeu collectif, ils expérimentent le couteau suisse, le mini-aspirateur ou la perforatrice, sous de nouveaux potentiels d’agir et de sentir, de "gester" (Citton, 2012). L’objet technique est ainsi métamorphosé et devient medium d’une figure de geste, ou « image de sensation ». Gageons qu’ils imagineront d’autres gestes que ceux de doigts glissants sur des écrans lisses…
